Le temps nous fais souvent comprendre que certaines choses sont comme ca, et pas autrement. Faut pas se demander pourquoi, c'est l'histoire d'un monde. Faut faire avec.

   Les évènements aussi nous font comprendre beaucoup. Comme les convictions, les rencontres...

   Mais faut s'y faire, on ne changera pas les constantes sordides de la race humaine. Jamais. Distance ou pas, on pouvait pas garder notre pureté, c'est impossible. Notre situation n'était qu'un détour, un prolongement de l'innocence... Une création de souvenirs, une base mental pour notre structure en construction.

   A la banque, c'est la mode d'être écolo, d'avoir du style, d'être dans l'mouvement. Faut être 'in'. Alors les patrons ont sorti des poubelles pour tout et n'importe quoi à tout les étages. Papier, métal, canettes, carton, gobelets... chaque déchet a sa tombe. Ils ont recruté des jeunes (Plus vieux que moi, pour le coup, mais ca reste des jeunes), mains dans les poches, coiffures dans les règles, l'allure et le langage vont avec !

   Mais le mieux, c'est la norme handicapé. Car maintenant, il faut avoir son quota d'handicapés pour être dans le mouvement ! Et pour esquiver une taxe, aussi.
   Le choix est vaste, un vrai zoo: Des boiteux, des disloqués, des yeux-loupes... Mais mon favoris, c'est le fauteuil roulant !

   J'sais pas pourquoi on a mis ca en place. C'est vrai c'est bien pour eux, ca les aide dans notre monde, sinon ils auraient vraiment aucune chance. On dira que c'est l'évolution vers un système plus équitable.
   J'peux pas m'empêcher de penser qu'on fait ca pour se sentir supérieur. Ou simplement par pitié, on pourrait dire qu'on cherche  à nettoyer un peu le passé humain ? Ils ont faillis disparaitre pendant la seconde guerre mine de rien... Leur vie a été et est encore un calvaire, mais elle le restera de toute façon...

   En public les gens font semblant de parler à des gens normaux. Mais y sout juste handicapés physiques, pas mentaux. Y sont pas si cons (Pas tous, en tout cas).

   Peu importe, je sais pas si c'était involontaire, ou si quelque part je ne peux me résigner à cette hypocrisie, mais quand j'ai vu "Val" accélérer dans son fauteuil de compét, la phrase est sortie seule...

 

    Je pense souvent à toi... Naturel je suppose, nous avons appris à parler et à marcher ensemble après tout. On imaginait même pas pouvoir être séparés à l'époque.

   Nous ne pensions rien, on se fixait au fond des yeux, chuchotait aux oreilles, caressait la peau... On vivait. Ca me manque de courrir dans l'herbe avec toi, de nous perdre dans le champ de maïs, d'espionner en haut du grand arbre...


   Je regrette que la vie nous ait séparé. Ou le temps, ou les autres, peu importe. Trouver un coupable ne changera rien.


   On a pas su gardé contact, trop jeune. Les réseaux sociaux sur le net, ca n'existait pas. Les lettres ne soulageaient en rien. Elle rappelaient juste la distance...


   Je me demande si après tout ce temps, tu m'imagines comme je t'imagine. Un visage gravé en mémoire, pure, innocent. Un modèle de perfection, sans cicatrice.
   Si tu visualises encore l'ange que j'étais, ou si tu ressens le vide qui me remplit.


   Je ne sais même pas pourquoi je pense encore à toi. Tu as du devenir comme toutes les autres: Une pute.